T comme TEMPS

Vous l'avez sans doute remarqué le mot «temps» figure en accroche dans la première ligne de ma préface.

Je ne vais pas ici vous parler de météo et du temps qu'il fait, je ne vais pas non plus me lancer dans une dissertation philosophique sur «Qu'est ce que le temps ?», cela deviendrait vite soporifique pour certains et nous ne serions pas tous d'accord sur les réponses apportées.

Je vais plutôt tenter de vous décrire ma propre manière d'appréhender le temps (passé, présent et futur) et ma façon de l'employer depuis que je suis obligée de le partager avec TOTORE.

Il est vrai qu'à l'annonce de mon cancer, je n'ai jamais pensé que j'allais mourir en regrettant de ne pas avoir eu le temps de réaliser toutes les choses que j'aurais voulu faire.
Je n'ai d'ailleurs jamais fait de BUCKET LIST (comprendre liste des choses à faire avant de mourir), mais si je devais en rédiger une aujourd'hui, le début ressemblerait un peu à cela :

  • M'écrire une lettre et la relire dans
    20 ans.

  • Appuyer sur un bouton «NE PAS APPUYER» juste pour voir ce que cela fait.

  • Me lier d'amitié avec mes plantes vertes pour qu'elles restent en vie (même les cactus que j'ai eu savent que je n'ai pas la main verte).

  • Savoir siffler avec deux doigts.

  • Lancer une fléchette sur une carte et partir là où elle atterrit.

  • Trouver un trésor avec un détecteur de métaux.

  • Passer une semaine dans une retraite silencieuse pour en apprécier le calme, mais cela s'apparente à de l'utopie en ce qui me concerne...Je suis une grande bavarde, je parle régulièrement toute seule et je demande pardon aux meubles lorsque je me cogne dedans !!!


Faisant partie de celles qui avant de trouver leur date de naissance sur internet doivent tourner longuement la roulette de leur souris, j'ai déjà vécu beaucoup de choses formidables, mais depuis que je suis malade je ne compte plus le nombre de fois où j'ai prononcé cette phrase :


    «JE VEUX RETROUVER MA VIE D'AVANT».

Mon travail me manque, mes interactions sociales quotidiennes me manquent, mes activités me manquent, même les choses qui me faisaient râler ou que je n'aimais pas faire me manquent.

Alors même si cette phrase risque encore de me chatouiller les lèvres un bon moment, je suis bien consciente que quoi que je fasse il est impossible d'intervenir sur le passé, et qu'il me faut maintenant me concentrer sur demain en acceptant aujourd'hui.

Une chose est certaine, je ne vais pas laisser TOTORE me gommer toute possibilité de futur et je suis bien décidée à regarder loin devant moi.
Mon avenir ne sera pas sombre mais lumineux et tous les petits plaisirs de la vie, tous ces moments que je vais passer avec mes proches, toutes ces occupations, même les plus anodines, je vais les savourer et les mettre bout à bout pour me sentir bien.

En ce moment, hormis la rédaction de ce que vous êtes en train de lire, je tente d'organiser mon emploi du temps en faisant les tâches les plus éreintantes en début de matinée, le plus difficile pour moi étant d'accepter que je puisse être raplapla et diminuée.

Petit à petit j'y parviens, je ne lutte pas contre la fatigue, je ne culpabilise plus de ne pas pouvoir tout faire, je m'accorde une sieste en cas de besoin et surtout j'essaie de trouver les choses qui m'apportent du bonheur et d'en abuser.

Tout comme l'activité physique, il paraît que c'est vraiment très très bon pour le moral et la santé.

Mon passe-temps favori, c'est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps,
perdre son temps, vivre à contretemps.
Françoise SAGAN

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