A comme ANNONCE
Je pense que l’annonce de la maladie et la manière dont on l’accueille conditionne la suite de notre comportement.
Ce 23 Juillet 2022 a sans aucun doute été l’un des pires moments de ma vie, mais également le point de départ d’une longue bataille que j’ai décidé de mener ce jour-là.
Les paroles de l’urgentiste s’adressant aux infirmières et pensant que je n’écoutais pas, résonnent encore en moi.
«Il faut que je fasse attention en ponctionnant le liquide dans le poumon gauche, je n’aime pas trop ce que je vois sur le scanner, il y a une carcinose péritonéale».
Et puis ce silence, cet interminable silence, avec la prise de conscience qu’il venait de commettre une erreur lorsque je lui ai répondu :
«Bon ça c’est fait ... vous venez de me dire que j’ai un cancer».
Je ne lui en veux nullement, car comment pouvait il se douter qu’une patiente sous anesthésie locale, avec un drain dans la cavité pleurale, la tête penchée en avant et maintenue par deux infirmières, entendrait ce terme médical ?
Curieusement, malgré sa brutalité, j’ai tout de suite intégré l’information, sans déni, sans angoisse psychologique, et mes premières pensées ont été pour mes filles et mon compagnon.
«Qu’est ce que je vais leur dire ?».
Car comment annoncer que l’on a un cancer aux personnes que l’on aime, y a-t-il seulement une bonne manière de le faire ?
Le plus difficile pour moi était de mettre des mots sur mes maux, de trouver ceux qui évitent la peine, la peur, le traumatisme, le rapport à la mort.
Je ne voulais pas taire la vérité, ni leur mentir, et la solution s’est finalement rapidement imposée à moi.
Puisque l’ennemi était identifié, que je venais de me mettre en «mode guerrière»*, bien décidée à le regarder en face et à me battre pour vivre, je devais exposer les faits de façon positive et rassurer en faisant partager mon combat.
*Je viens de remarquer que dans le mot guerrière il y a GUERIR.
